Un laboratoire du CNRS/Université de Versailles a conduit récemment une recherche sur l’efficacité des méthodes d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

L’originalité de cette étude est qu’elle porte sur les élèves d’écoles en zone ECLAIR.

• Les 215 classes de CP en Zone ECLAIR de Paris et des départements voisins ont été prises comme champ d’études. Pour chacune a été relevé le ou les manuels que déclare suivre l’instituteur.

• Les manuels ont été classés en 4 catégories

Mixte 1 :           à forte prédominance du global
Mixte 2 :           ayant une composante alphabétique (syllabique)
Syllabique 1 : phonémiques (étude des différents graphèmes représentant un phonème)
Syllabique 2 : graphémiques (étude des différents phonèmes représentés par un graphème)

 

La différence entre Syllabique 1 et 2 est donc dans la progression suivie pour étudier les combinaisons entre les graphèmes et les phonèmes.

• Un échantillon de 19 classes a été constitué : 5 classes dans chacune des 3 premières catégories, 4 dans la dernière, soit 371 élèves.

• Sur chacune de ces 19 classes ont été relevées certaines informations simples, et des tests de « Maîtrise de la langue écrite » ont été faits auprès de tous les élèves en juin 2013 (test oral de lecture – test de compréhension – dictée – test de production écrite).

 

Constatations et résultats

• Seuls 9 instituteurs (sur 215) utilisent des manuels « syllabiques »  soit environ 4 %

• Pour les enfants dont les parents sont les moins instruits et cultivés, l’efficacité varie très fortement entre les 4 catégories de manuels . La moyenne de la note globale de maîtrise de la langue écrite est :

Mixte 1                36,4 sur 100
Mixte 2               46,7 sur 100
Syllabique 1      54,5 sur 100
Syllabique 2      62,6 sur 100

Les enfants dont les parents sont plus instruits et cultivés obtiennent de meilleurs résultats

 

• Un résultat remarquable est qu’avec le manuel Syllabique 2, les enfants dent les parents sont peu instruits obtiennent une moyenne très voisine de celle des enfants dont les parents sont instruits. En effet, leur moyenne est de 62,6 contre 68,6 pour les élèves de parents instruits.

 

« Une bonne pédagogie syllabique efface en grande partie les écarts entre milieux d’origine. »

  

Ces constatations confirment les résultats de recherches menées aux Etats-Unis depuis des décennies, et des expériences menées en Ecosse il y a 10 ans : la méthode alphabétique convient particulièrement bien aux élèves de milieux défavorisés, qui ne peuvent attendre aucune aide de leurs parents. Cette méthode, menée selon une progression rigoureuse par des enseignants exigeants, permet à ces élèves d’atteindre le même niveau moyen que les autres.

 

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Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, et spécialiste de l’éducation s’exprime ce 12/XII, sur France Culture puis sur France Inter et reconnaît que 77% des instituteurs dans les ZEP de la région parisienne continuent à choisir un guide d’apprentissage dont il a été prouvé qu’il est totalement contre productif. Seulement 6% d’entre eux utilisent une méthode qui fonctionne, fondée sur le décodage… Il confirme également le bénéfice de l’association de l’écriture avec la lecture.

 

Stanislas Dehaene est l’auteur de l’ouvrage innovant « Les neurones de la lecture » .